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... Blondel a pris des éléments ici et là pour constituer un montage qui fait passer l’action des bureaux militaires au front, du champ de bataille aux lieux de la vie quotidienne. Soldats, gradés, hommes politiques, écrivains, bourgeois, aristos : tout le monde parle, Alain aimant à entrechoquer les concepts même quand, autour de ses personnages, ce sont les bombes qui explosent. Parfois, le langage est trop abstrait, la pensée trop paradoxale (« dans l’esclavage, l’esprit trouve sa liberté », dit à peu près Alain). Mais l’évolution philosophique est très belle : les points de vue s’éloignent des doctrines de l’époque et défendent une humanité broyée par la fureur des nationalismes. Les dialogues peuvent être abstraits, mais pas le jeu passionné de Constance Gay, Nicolas Vial, Andrea Nistor et Imer Kutllovci, ni la musique en direct de Mohanad Aljaramani ou la voix off rocailleuse de Pierre Vial, si prégnante. Jean-Christophe Blondel, metteur en scène qu’on a surtout vu face à de grandes pièces (Claudel, Ibsen), trouve ici un autre langage, éclaté et éclairant.
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Gilles Costaz, POLITIS
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... Blondel a pris des éléments ici et là pour constituer un montage qui fait passer l’action des bureaux militaires au front, du champ de bataille aux lieux de la vie quotidienne. Soldats, gradés, hommes politiques, écrivains, bourgeois, aristos : tout le monde parle, Alain aimant à entrechoquer les concepts même quand, autour de ses personnages, ce sont les bombes qui explosent. Parfois, le langage est trop abstrait, la pensée trop paradoxale (« dans l’esclavage, l’esprit trouve sa liberté », dit à peu près Alain). Mais l’évolution philosophique est très belle : les points de vue s’éloignent des doctrines de l’époque et défendent une humanité broyée par la fureur des nationalismes. Les dialogues peuvent être abstraits, mais pas le jeu passionné de Constance Gay, Nicolas Vial, Andrea Nistor et Imer Kutllovci, ni la musique en direct de Mohanad Aljaramani ou la voix off rocailleuse de Pierre Vial, si prégnante. Jean-Christophe Blondel, metteur en scène qu’on a surtout vu face à de grandes pièces (Claudel, Ibsen), trouve ici un autre langage, éclaté et éclairant.
https://www.politis.fr/articles/2019/04/un-philosophe-parmi-les-poilus-40349/
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Gilles Costaz, POLITIS
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